Education : Quand le téléphone sonne au cours… !

Patrice SOKEGBE

L’usage du téléphone portable en milieux scolaire est interdit. Ceci, par arrêté N° 001/MESTFP/DC/SGM/SA en date du 3 janvier 2018 et portant sur «Tenue vestimentaire et usage du téléphone portable en milieu scolaire». A ce sujet, un tour dans des établissements a permis de constater que certains enseignants ne se sont pas encore mis au pas.

Lundi 8 janvier. Il est 10 heures 15 mn. Nous sommes dans un établissement privé à Godomey. De loin, l'on pouvait apercevoir un enseignant en train d’émettre allègrement un appel en plein cours : "As-tu déjà acheté les produits. À midi, on se rencontre sous l'échangeur de Godomey pour que je les récupère'', dit-il, ceci pendant une dizaine de minutes. Visiblement, la décision du ministère des enseignement secondaire, techniques et de la formation professionnelle qui interdit l'usage des téléphones portables en milieu scolaire ne semble pas l'émouvoir. Dans le même établissement, l'on voit M. Djiman, un autre enseignant, en train de manipuler son portable, pendant que la classe était animée. Celui-ci justifie son acte: « Après avoir mangé à 10 heures, j'ai eu un peu sommeil.  Et puisque c'est interdit de manger en classe, je n'ai pas osé croquer les bonbons  que j'ai achetés.  Et pour chasser le sommeil, j'ai dû  recourir à mon portable, histoire de jouer ou  de parcourir les messages.... ». Comme M. Djiman, nombre d'enseignants font usage de téléphone portable en plein cours. Parfois sous le regard de certaines autorités de l'établissement, cette pratique s'est érigée en règle depuis quelques années.

Une décision en demi-teinte ?

La plupart des enseignants étant honoraires, il leur est difficile de respecter à 100% cette décision, étant donné que le téléphone portable se révèle être de nos jours l’outil incontournable de communication et de gestion des affaires. « La décision du Gouvernement est sans équivoque. Nous sommes d’autant plus conscients du tort que nous causons aux élèves en utilisant le téléphone portable en plein cours. Mais il y a que nous sommes des honoraires. En dehors des cours, nous menons d’autres activités, histoire de diversifier nos sources de revenu. Dans ce cas, mon portable doit rester allumé car je pourrais être sollicité... », déclare Yvon Dossa, enseignant vacataire. Pour sa part, Loïck Mensah pense que la décision aurait dû recommander de mettre les téléphones en mode   silencieux.  « Si tel est le cas, dois-je alors garder mon portable éteint de 7h à 19h ? Je pense que cette décision est quelque peu sévère, bien que pertinente. L’autorité pourrait demander simplement de mettre les portables sur vibreur ou silencieux. Ainsi, à la fin du cours, on peut facilement parcourir l’historique des appels en absence et des messages reçus…», dit-il.  

Quid du rendement scolaire ?

L’usage du téléphone portable a d’énormes conséquences sur les résultats de fin d’année. Selon Moussiliou Yessoufou, Professeur deMathématiques, il faut avouer que « nous avons des difficultés par rapport à la gestion du temps.  Si les portables qu’on utilise dans les salles de classe peuvent nous amener à perdre du temps, vous comprenez que le temps d’apprentissage prend également un coup ».  A cela s’ajoute la perturbation du cours à chaque sonnerie du portable. Plus loin, certains sujets évoqués au téléphone par les enseignants, intéressent parfois les élèves. «Le téléphone, chaque fois qu’il sonne, déconcentre non seulement l’enseignant mais aussi les élèves. L’enseignant perd régulièrement le fil de ses idées et l’explication devient bâclée…. », souligne le Directeur du Ceg le Nokoué Louis Douchamou qui précise que cette mesure est déjà prise à l’encontre des élèves. « C’est un peu comme les élèves qui s’entêtent à venir en classe avec des portables. Je ne suis pas en train de dire qu’on va réduire l’enseignant à l’élève…», ajoute-t-il. Dans la même décision, l’autorité n’a pas omis d’attirer l’attention des enseignants sur les tenues vestimentaires. De véritables garde-fous pour garantir une année scolaire fructueuse.