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13 décembre 2018

Prof Dodji Amouzouvi sur les festins autour des soutenances: "C’est un événement mondial et il y a une tradition universelle..."

A l’issue des soutenances de master ou de thèse dans les universités, il y a des manifestations qui sont organisées.

Dodji Amouzouvi1

Cependant, ces manifestations deviennent de plus en plus excessives. Interrogé sur la question, le professeur Dodji Amouzouvi, sociologue et directeur du Larred fait une analyse sociologique de la situation.

Quelle lecture faites-vous des manifestations après à une soutenance de maîtrise ou de thèse?

En tant que sociologue, j’en fais une lecture normale. La soutenance des mémoires de maîtrise, de thèse et de Master reste et demeure un rituel, sauf qu’il est profane. C’est un événement mondial.  Et il y a une tradition universelle partout où il y a soutenance de thèse. C’est un rite de passage qui permet de quitter un état pour un autre. Ainsi, quand on est docteur, on entre dans une communauté assez particulière.  Par rapport à cela, il faut lui donner toute sa solennité. Cette solennité s’accompagne aussi d’un ensemble d’acte tel que les festins, les cadeaux qu’on fait. Cependant, il faut clairement insister sur le fait que ce qui est condamnable, c’est l’excès qui amène aux dérives. Ce qui est condamnable, c’est aussi les exigences des maîtres, des professeurs de thèse, des superviseurs qui exigent de leurs protégés ou de leurs filleuls scientifiques, des choses qu’ils n’ont pas les moyens de faire. Ce cas de figure est condamnable. Autrement, de manière libre et volontaire, il est compréhensible, souhaitable et même justifié de célébrer à sa manière sa soutenance parce qu’on ne soutient qu’une seule fois son master ou sa thèse, et ça vous marque parce que c’est une étape essentielle de votre vie. Alors, l’entourer de toute la solennité, de tout le rituel, aussi bien dans la soutenance qu’après la soutenance ne pose aucun problème lorsqu’il est fait dans les règles de l’art.

Votre avis sur le communiqué du rectorat de Parakou interdisant toute manifestation après une soutenance ?

Je ne connais pas le processus qui a conduit à cette décision parce que le communiqué n’a pas explicité les raisons. Et si l’autorité rectorale a pris cette décision, ce n’est pas sur un simple coup de tête. Elle a sûrement de bonnes raisons de la prendre. Donc, je suis prudent. Je me réserve de me prononcer sur une telle décision, parce qu’elle ne peut pas être prise à la légère. Je peux en déduire que certainement, les dérives sont devenues la norme. Dans ces conditions, l’autorité a raison de prendre ses responsabilités. Je devine, mais le monde ne peut pas fonctionner sur la base des devinettes. Souffrez que n’ayant pas les éléments en espèce, je ne puisse pas valablement opiner sur ce communiqué.

Vous pensez alors qu’il est permis de festoyer autour de la soutenance

Non seulement c’est permis, mais c’est aussi souhaité. Et c’est partout dans le monde. Par exemple, moi, lorsque j’ai soutenu ma thèse en Allemagne, il y a eu manifestation, et ça n’a pas commencé par moi. C’est une tradition universitaire. Ce sont les dérives et les déviances qu’il faut condamner. Si un encadreur exige de son filleul  ou de son encadré de payer 500 mille Francs ou de payer n’importe quoi avant de soutenir, c’est une dérive. Plus  loin, si on lui demande de payer telle qualité de champagne pour les membres du jury avant de soutenir, c’est une dérive. Ou encore, si on lui dit qu’il doit recevoir les membres du jury pour ses invités dans un restaurant, c’est aussi une dérive à déplorer. Mais, si le postulant lui-même décide d’offrir un pot à son encadreur à l’issue de sa soutenance, ça ne sera pas une dérive, socialement parlant.

 Propos recuillis par Patrice SOKEGBE

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