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17 octobre 2016

Béatrice Aguessy, Professeur de gynécologie et d’obstétrique à la retraite: Une figure au parcours légendaire!

Elle est la première femme Gynécologue accoucheur du Bénin, première femme professeur de rang magistral à l’Université nationale du Bénin (Unb), première femme Chef de service des hôpitaux du Bénin, première étudiante noire admise à la Faculté de Médecine à Dakar et première femme à avoir passé le Bac, série science expérimentale au Dahomey. Elle, c’est le professeur Béatrice Ahyi Aguessy que je reçois pour vous la page Espace-Femme.    

 

AGUESSI 2

Riche parcours dans le domaine de la médecine moderne que celui du Professeur Béatrice Aguessi. De sa lignée scientifique sont sortis plusieurs centaines de médecins qui font leurs preuves dans les centres de santé, les universités publiques et privées du Bénin et au-delà des frontières. Malgré son âge avancé, l’octogénaire ne dort pas encore sur ses lauriers. Pour tuer le temps, elle est occupée par son cabinet de gynécologie-obstétrique où elle procède, de temps à autre, à des consultations prénatales et autres. Frappée par le poids de l’âge, elle ne procède plus aux opérations chirurgicales. Avec tous les honneurs dus à son rang et en tant que personne ressource en médecine moderne, notamment la gynécologie-obstétrique et de la planification familiale, elle est très sollicitée sur des émissions radiophoniques et télévisées pour parler de son expérience, donner des conseils et faire des recommandations. Si le Professeur Aguessy a pu atteindre le sommet de la pyramide, cela n’a pas été le fruit du hasard. Il a fallu un mental fort, un sens très élevé de responsabilité, beaucoup d’abnégation au travail et une forte capacité relationnelle.  

Un parcours auréolé de succès

 Née en 1934, sous le régime colonial français, le Professeur Béatrice Ahyi Aguessy est mariée et mère d’une fille. Issue d’une famille modeste, elle a obtenu son diplôme Série Science expérimentale qui équivaut aujourd’hui au BAC D en 1958. Elle obtient une bourse d’étude pour le Sénégal. Ainsi, elle commence sa première année au Sénégal où elle a été contrainte à faire la Faculté des sciences, car elle a obtenu 16 de moyenne au bac, et par conséquent, elle ne pouvait pas s’inscrire en médecine. Malgré les différentes pressions subies, Béatrice est restée égale à elle-même. Bien qu’elle ait fait sa première année à la faculté des sciences de Dakar, elle n’a pas perdu de vue son objectif de départ. Après avoir réussi brillamment sa 1ère année, elle a finalement été acceptée à la faculté de Médecine de Dakar. Après 4 ans d’études en Médecine, elle demande à poursuivre ses études à Paris en France. Ce qui fut fait. En terre étrangère, il fallait sauver son honneur, bien que les conditions d’études n’aient pas été reluisantes. Ainsi, en 1968 elle passe sa thèse de Médecine. En 1972, elle réussit  au dernier diplôme de gynécologie-obstétrique. Ensuite, elle fait un diplôme supplémentaire en 1975 pour être spécialiste en stérilité. Elle a également complété  cette formation, bien fournie,  avec le planning familial et beaucoup d’autres choses ‘‘médecine de travail, médecine pénitentiaire’’

Devoir patriotique !

LeProfesseur Béatrice Ahyi Aguessy a toutes les chances pour travailler en France. Mais, devoir moral et patriotique oblige. Elle a préféré se  retrouver aux côtés des millions d’âmes en Afrique qui meurent de maladies chroniques, d’avortement, de naissance non planifiée et parfois sur la table d’accouchement. La responsabilité est grande, tellement grande que son choix déterminera le sort de ces Africains en souffrance. Mais elle doit aussi s’attendre à vivre désormais le calvaire. D’entrée, elle a été sollicitée en 1975 par plusieurs universités africaines, notamment celle gabonaise, qui lui a proposé un salaire mensuel de 1million de FCFA, accompagné de logement, de voiture et la possibilité de faire ses consultations privées.

Une opportunité vient de s’offrir à elle sur un plateau d’or. Mais le Professeur Aguessy n’a pas voulu la saisir. Car son mari, 1er  Docteur ès-Lettres du Bénin, venait quant à lui de rentrer au pays. Il était le premier doyen de la Faculté des Lettres arts et sciences humaines. Ne pouvant supporter la distance encore plus longtemps, il convainc sa femme à le rejoindre, afin de construire ensemble l’avenir du Bénin. Ayant également pour ambition d’assurer le mieux-être de son peuple, le Professeur Béatrice Aguessy  revient au bercail. Mais cela n’aura pas été une partie de plaisir pour elle. « Un autre combat a commencé quand je suis rentrée. Après trois mois de travail, c’est  50.000 FCFA qu’on m’a donné comme avance sur salaire. Ça m’a énervée et je me suis demandée ce que je vais faire avec cette modique somme. Après analyse, je me suis donnée du courage en me disant : c’est mon pays, je dois me sacrifier pour lui. C’est ainsi que j’ai commencé le parcours du combattant à l’université d’Abomey-Calavi », révèle-t-elle.

Ultimes moments de son agrégation ! 

« J’ai réussi à mon concours d’agrégation et personne n’y croyait… Je suis devenue la première femme agrégée, toutes compétences confondues en 1983». Tels sont les propos du Professeur Béatrice Aguessy, pleine de fierté, car selon elle,  personne n’était informé de la date où elle passerait ce concours. Quelques années plus tôt,  à l’annonce de sa candidature à l’agrégation à Paris à l’autorité rectorale d’alors, elle était exposée à toutes sortes de pressions, de menaces et de coups bas, car elle était sur le point de ravir la vedette aux hommes à l’Université. Et pourtant, tout ceci n’a pas émoussé son ardeur à démontrer à la face du monde qu’elle en était bien capable.

Conséquences d’un choix volontaire

Le Professeur. Béatrice Aguessy a atteint le sommet de la connaissance, avec les multiples diplômes obtenus. Mais, cela a beaucoup joué sur sa progéniture. « Car à partir d’un certain âge, une femme a des problèmes pour avoir des enfants et ça n’a pas manqué. Bien que je sois gynécologue, pour faire mon unique enfant, j’ai dû trimer. J’ai eu tous mes diplômes avant d’avoir mon premier enfant et la grossesse ne voulait pas rester en place non plus ; j’ai passé les huit mois au lit, sinon j’allais faire une fausse couche et comme je savais ce que je voulais, j’ai sacrifié une année entière à ma maternité». Ces propos de Béatrice Aguessy empreints de tristesse, montrent à quel point le couple Aguessy a priorisé les diplômes au détriment de la fondation d’un foyer. Elle a risqué sa peau, lorsqu’elle décide de faire un enfant : Il lui fallait me faire une injection de progestérone tous les deux jours pour garder la grossesse, ce qui fut fait jusqu’à l’accouchement malgré le cerclage du col utérus. On avait fait tous les traitements pour garder cet enfant et en fin de compte, il est arrivé à Paris pour combler ce couple de joie. Cette douloureuse expérience a fait qu’elle n’a plus eu d’autres enfants. Mais elle est très heureuse  que sa fille lui ait donné trois enfants.

‘’Madame hôpital’’

Le Professeur Béatrice Aguessy a un emploi du temps très chargé. Elle quitte la maison les lundis et ne revient que les samedis ou les dimanches, car ils étaient deux médecins gynécologues, et il fallait prendre une semaine de garde chacun.  Et quand elle finit sa garde et que la relève n’est pas faite,  elle doit continuer son travail à l’hôpital et à l’Unb. « Donc pour moi, l’hôpital était ma deuxième maison, à tel point que mon mari m’appelait ‘’Madame l’hôpital’’ et non ’’Madame Aguessy’’ et ma fille me téléphonait tous les jours où je suis de garde», révèle-t-elle. Selon elle, sa fille a beaucoup souffert. Raison pour laquelle après son bac D, elle a refusé toute aventure en médecine. « Je ne ferai pas souffrir mes enfants comme moi j’ai souffert », se dit-elle.

Le planning familial en question

Malgré son emploi du temps chargé, le Professeur Béatrice Aguessi ne manque pas de sensibiliser jeunes filles, femmes  et hommes sur la planification familiale. Selon elle, la situation de la femme a beaucoup changé depuis 1992 à ce jour, en matière de planning familial. A l’en croire, dans les années 80, malgré toutes ses occupations, elle faisait l’impossible pour parcourir les internats et les établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes filles sur la planification familiale. Tout ceci, pour éviter des décès de jeunes filles qui se faisaient avorter. « Dans ces années-là, les maris pouvaient nous trainer devant les tribunaux pour avoir pratiquer la planification familiale à leur épouses. Nous étions sous le coup de la loi de 1920 qui condamnait l’avortement ou réprimait toute personne ayant contribué à l’avortement et toute personne pouvant faire la planification familiale (Pf). Or, en 1977,  j’ai commencé par faire la planification par injection  chez les femmes et j’ai aussi démarré la sensibilisation en Pf chez les hommes », indique-t-elle. Selon elle, les femmes du marché  Dantokpa étaient heureuses de l’avoir fait, car cette méthode leur permet de réduire les naissances rapprochées et les décès par avortement. Elles étaient, poursuit-elle, régulières aux rendez-vous. « En 1995, j’ai fait la connaissance d’une méthode qui m’a vraiment séduite. Le Fonds des Nations Unies pour la Population (Fnuap) a fait voyager 4 médecins dont moi, sur Jakarta en Indonésie pour aller apprendre cette méthode, que personne ne faisait encore en Afrique. Il s’agit de l’insertion du Norplant ou implant…les femmes venaient et on insérait le Norplant sous la peau de leurs bras, de sorte que le mari ne puisse rien voir…Aujourd’hui, cette méthode a été vulgarisée partout et je suis heureuse. Je continue de me battre pour les jeunes filles et les femmes», témoigne-t-elle. Le Professeur Béatrice Aguessy a connu un parcours et des expériences très riches, mais elle a payé le prix de son choix. Elle aurait voulu avoir beaucoup d’enfants. Hélas ! 

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Commentaires
A
merci maman AGUESSYje ne connaissais pas le PROFESSEUR mais la mère que tu a été pour moi Tous mes passages au BENIN tu m as toujours reçu comme ta propre fille.
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